Ornge Pulse Podcast

COVID-19 avec Dr. Bruce Sawadsky

PULSE: épisode 1

février 17, 2021

17 février, 2021

|

Ontario

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Ornge Media

Dans cet épisode, nous nous entretenons avec le Dr Bruce Sawadsky, médecin chef d’Ornge. Il nous parlera un peu de ses 20 ans d’expérience en direction dans le Programme d’ambulances aériennes de l’Ontario et de la façon dont Ornge continue à fournir un service essentiel en dépit des changements qu’implique la COVID-19.


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Voir la transcription de l’épisode ci-dessous.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Il y a trois semaines, on comptait 126 centres de dépistage de la COVID-19. Maintenant, il y en a 73. On voit donc que le nombre de patients positifs à la COVID-19 diminue lentement, mais sûrement. L’autre nouveauté sur ce graphique, c’est…
 
Rachel Scott :
Celui qu’on entend, c’est le Dr Bruce Sawadsky, qui s’exprimait à la séance de discussion ouverte d’Ornge le 24 juin. Toutes les deux semaines, lors de ces réunions en direct, le personnel de l’organisation reçoit les dernières nouvelles concernant la COVID-19 et peut poser toutes ses questions. Notre première séance a eu lieu le 29 janvier 2020. Depuis, nous avons pris le temps de consigner par écrit les changements liés à la COVID-19, de sonder l’avis du personnel sur la prestation de nos services dans la province et de recueillir les expériences des patients et des membres de la communauté que nous servons. Au cours des prochains mois, nous aimerions vous transmettre ces informations par balado.

Rachel Scott :
Ornge est le plus grand fournisseur de services d’ambulance aérienne et terrestre au Canada. Nous effectuons plus de 20 000 transports de patients par an, veillant à ce que ces derniers aient accès à tous les soins nécessaires, qu’il s’agisse de la coordination et de la répartition des appels, du triage des patients dans la province ou de la logistique liée à l’exploitation d’une flotte d’hélicoptères, d’avions et d’ambulances terrestres. Vous découvrirez ce qu’il faut pour fournir des soins vitaux dans un environnement en constante évolution. Dans cet épisode, Phil Kim s’entretient avec le Dr Bruce Sawadsky, médecin chef d’Ornge. Il nous parlera un peu de ses 20 ans d’expérience en direction dans le Programme d’ambulances aériennes de l’Ontario et de la façon dont Ornge continue à fournir un service essentiel en dépit des changements qu’implique la COVID-19. Je suis Rachel Scott, et vous écoutez PULSE d’Ornge.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Je m’appelle Bruce Sawadsky. Je suis le médecin chef d’Ornge, où je travaille depuis environ 20 ans. J’ai terminé ma résidence en médecine d’urgence et j’ai commencé à l’Hôpital Sunnybrook vers 1996. J’ai rencontré un groupe de différents médecins urgentistes, dont certains s’intéressaient à la médecine aéronautique et au transport sanitaire. J’ai donc obtenu un poste de médecin pour un service d’ambulance aérienne privé appelé Samaritan. Dès que j’ai commencé à travailler comme urgentologue à Sunnybrook en fait.
 
Phillip Kim :
Avez-vous toujours voulu être médecin?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Médecin? Oui. Depuis le début du secondaire, j’ai toujours eu l’idée d’aller en médecine. Donc oui, c’est une orientation que j’ai prise assez jeune.
 
Phillip Kim :
Vous avez dit que vous faisiez aussi des transports internationaux.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Oui.
 
Phillip Kim :
Parlez-nous de cette expérience.
 
Dr Bruce Sawadsky :
C’était bien. Les vols étaient longs, beaucoup plus longs que ceux que nous connaissons ici, à part certains vols dans le Nord. Mais il y a toutes sortes de patients. Tout dépend d’où on les récupère.
 
Phillip Kim :
Pouvez-vous nous raconter des expériences ou des anecdotes à propos de ces vols internationaux?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Oui, je suppose. En fait, j’ai effectué quelques-uns de ces vols avec certains des paramédicaux qui font toujours partie de l’unité de transport pour soins critiques des Toronto Paramedic Services, parce que beaucoup d’entre eux ont travaillé pour Samaritan. Je me rappelle certains vols, par exemple lorsqu’un patient à Cuba avait eu un accident de mobylette et qu’on nous avait présenté sa situation comme étant meilleure qu’elle l’était – ce qui avait tendance à arriver souvent. Je ne sais pas à quel point vous voulez que j’entre dans les détails, mais en gros, il a fallu l’intuber avant de l’embarquer dans l’avion. Moi et l’ambulancier de Toronto Paramedic Services de l’époque, Dan Pesach, avons dû insérer un drain thoracique dans ce monsieur dans un aéroport cubain désert, au milieu de nulle part. C’est le genre de choses qui arrivait parfois, mais rarement.
 
Phillip Kim :
Avec tout ça, je suis certain que vous étiez bien préparé à affronter le Nord de l’Ontario et sa géographie étrange.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Oui et non. La façon dont nous desservons le Nord de l’Ontario est un peu différente. La région a ses propres particularités en ce qui concerne la population de patients et les ressources en soins de santé, qui sont limitées. Je pense que la durée du vol est la même, mais c’est un tout autre type de transports.
 
Phillip Kim :
Pouvez-vous décrire une journée type dans votre poste actuel?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Eh bien, littéralement… Aujourd’hui, c’est officiellement mon premier jour comme médecin chef, même si j’occupe l’intérim depuis un certain temps. Alors je ne sais pas. La journée type d’un médecin chef, c’est essentiellement de faire réunion après réunion après réunion, et à notre époque, tout ça se passe sur Microsoft Teams. Autrement dit, des réunions vidéo qui couvrent une foule de sujets liés à la gestion du contrat de Trillium pour le don de vie. Ces jours-ci, c’est la fatigue. On parle de choses comme la gestion des risques liés à cette fatigue et les ressources qui peuvent aider le personnel à trouver des endroits convenables où dormir afin de réduire le plus possible les risques. Aujourd’hui seulement, j’ai travaillé sur notre programme de télémédecine avec le programme régional de soins critiques à Thunder Bay et à Sudbury. J’en ai rencontré les responsables pour vérifier avec eux si notre programme fonctionne correctement, j’ai eu des discussions lors des réunions de l’équipe de la haute direction pour m’assurer que nous adoptons une approche cohérente en tant que groupe, en tant que groupe de gestion, en fonction de ce que nous voulons faire. Ça, c’est vraiment une journée type.
 
Phillip Kim :
Avec toutes les communications et les changements technologiques, et avec l’évolution actuelle des choses, comment voyez-vous l’avenir de tout cela ou à quoi pourrait-il ressembler?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Eh bien, je pense que nous pourrions faire beaucoup plus. À l’heure actuelle, nous avons des liaisons télévisuelles avec presque tous les petits hôpitaux communautaires du Nord-Ouest et du Nord-Est et avec la plupart des infirmeries du Nord-Ouest. Nous faisons donc deux choses. Nous établissons une liaison lorsque le service de soins intensifs de Thunder Bay ou de Sudbury fournit une assistance télémédicale aux patients gravement malades des petits hôpitaux, et nous transportons ces derniers. Nos médecins se connectent à la ligne de télémédecine avec le personnel pour le guider dans la réanimation, la préparation avant le transport et la gestion du patient. Et puis, avec l’autre groupe, nous apportons un soutien direct en télémédecine à l’infirmerie du Nord-Ouest. Cela nous aide à prendre des décisions de triage et de répartition pour être sûrs de trouver la bonne ressource pour le bon patient. Et pour aider l’équipe à gérer les patients en réanimation gravement malades.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Dernièrement, nous avons ajouté nos pédiatres à ce groupe, pour répondre à un besoin important dans le Nord de l’Ontario. Je pense donc que nous pouvons étendre ce système. Je pense que nous sommes déjà en train de chercher des moyens de le faire, notamment en aidant les collectivités rurales et éloignées à planifier les périodes de forte demande. Par exemple, si le nombre de cas de COVID-19 augmente dans un petit hôpital communautaire où se trouve un certain nombre de patients ventilés, mais que l’hôpital ne sait pas comment les réanimer ou les ventiler, nos MSTS pourraient être sur la ligne de télémédecine afin de les guider dans la gestion des patients jusqu’à ce qu’il soit possible d’aller sur place pour transporter ceux-ci.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Nous proposons également nos services de soutien en télémédecine à tous les hôpitaux des régions rurales et éloignées qui se retrouveraient aux prises avec une forte demande si les médecins des soins intensifs étaient submergés de patients atteints de la COVID-19. Nous pourrions alors venir en aide à ces collectivités en attendant que les médecins de l’hôpital d’accueil soient disponibles. Alors oui, je pense que nous pouvons nous servir beaucoup plus de la télémédecine, et même au point de prévenir certains transports. Pour ce qui est des autres consultations par télémédecine, je pense qu’on pourrait ajouter des professionnels d’autres domaines, comme la psychiatrie ou l’obstétrique, dans l’optique d’éviter des transports inutiles, compte tenu de leur coût et de leur incidence sur le système. Il y a là de belles occasions à saisir.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Nous avons aussi examiné des technologies qui ne sont pas forcément liées à l’échographie. Nous envisageons d’outiller les paramédicaux pour les écographies, et il existe d’ailleurs un logiciel spécial qui nous permettrait de guider leur main. Grosso modo, je pourrais être à notre centre de répartition, la personne qui tient la sonde pourrait être à Thunder Bay, et je pourrais guider sa main. Je pense que ce serait certainement à explorer dans la formation pour commencer, c’est certain.
 
Phillip Kim :
Comment, avec cet espace limité, décidez-vous de l’équipement à apporter?

Dr Bruce Sawadsky :
En fait, l’équipement est prédéterminé. Dans chacun des véhicules, on place des sacs contenant du matériel standard, et ces sacs sont les mêmes dans tout le système : on y trouve les médicaments, l’équipement jetable et le matériel dont les paramédicaux ont besoin pour faire leur travail. Il n’y a pas longtemps, nous avons standardisé tous les sacs dans l’ensemble du système, alors tout est plus cohérent pour les paramédicaux. Ils trouvent plus facilement ce dont ils ont besoin. C’est ce que nous avons fait au cours des dernières années. Maintenant, il y a aussi du stockage dans l’avion, mais les paramédicaux pourraient vous expliquer mieux que moi, parce que je suis parfois sur le vol, mais pas très souvent. On stocke certaines choses dans les armoires et autres endroits réservés à l’équipement jetable. Il y a une place standard pour les moniteurs fixes et les ventilateurs. Tout ça pour dire qu’on détermine à l’avance ce qui sera transporté dans l’avion. De plus, l’équipement doit être aussi léger que possible, alors nous essayons toujours de nous en tenir aux choses vraiment essentielles, car le poids est un facteur très important en aviation.
 
Phillip Kim :
Dans le même ordre d’idées, avez-vous connu des discussions ou des processus décisionnels particulièrement difficiles dernièrement?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Ouf, vraiment. Il y a toujours un grand nombre de processus décisionnels difficiles à gérer. Je peux vous donner un tas d’exemples. Commençons par les compétences et la formation du personnel paramédical. Notre défi de tous les instants, c’est d’avoir des paramédicaux hautement qualifiés et formés pour effectuer un grand nombre de procédures de soins intensifs et gérer les patients en phase critique. Mais dans certaines régions, les transports ne sont pas aussi fréquents que dans d’autres. Tout dépend du nombre de vols et du type de patients. Nous devons donc travailler avec constance pour aider les paramédicaux à maintenir leurs compétences malgré de rares expériences auprès de ces types de patients. Et nous cherchons toujours de nouveaux moyens d’y parvenir. Nous savons qu’en théorie, ils ont besoin de formations fréquentes sur les compétences qu’ils utilisent rarement. Des compétences rares et hautement spécialisées.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Nous disposons actuellement d’un service qui fournit des formations en blocs de quatre jours à ces paramédicaux une fois par an, ce qui ne fonctionne pas vraiment. Pour essayer d’améliorer la situation, nous testons donc une nouvelle méthode qui consiste à poster un paramédical responsable des soins cliniques dans une base qui dispense régulièrement une formation par les pairs sur ces compétences rares et hautement spécialisées. Mais c’est toujours un défi de mettre en œuvre une chose pareille et de faire des changements.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Un autre défi consiste à réduire la fatigue des membres du personnel de nuit. Nous ne voulons pas qu’ils aient à prendre l’avion et à gérer des patients à 3 h du matin si ce n’est pas nécessaire. Mais pour ce faire, nous devons réduire le nombre de vols de nuit, ce qui signifie que nous devons recevoir moins de patients la nuit. La question qui se pose à nous est donc de savoir comment réduire la fatigue et les risques tout en assurant le service à tous les intervenants et patients qui en ont besoin, en tout temps. Nous réfléchissons actuellement à des moyens de nous occuper des patients à traiter en urgence – les plus gravement malades – uniquement la nuit. Nous pourrions ainsi prendre en charge les patients dont le traitement est moins urgent pendant la journée, tout en assurant un service rapide qui satisfasse nos intervenants. Et bien sûr, nos patients en retireraient le meilleur service possible.
 
Phillip Kim :
Je pense que nous pouvons peut-être commencer par le début de la pandémie de COVID-19. Donc, en janvier, février, que se passait-il dans votre monde au sein d’Ornge?
 
Dr Bruce Sawadsky :
On entend les nouvelles, on lit les journaux, on consulte la littérature médicale et on entend parler d’un phénomène qui commence en Chine et qui se propage dans quelques pays. Et on se demande toujours si oui ou non ça va vraiment se transformer en pandémie, parce qu’on n’a jamais connu ça. Je pense qu’il faut commencer par observer, en supposant que ce sera comme toutes les autres épidémies que nous avons connues, dont le CoV-SRMO ou le SRAS… Mais Toronto avait été particulièrement touchée par le SRAS. Et en général, on se dit : « Ah, ça n’arrivera pas. » Et puis, on commence à regarder la propagation, et c’est là qu’on comprend : « Oh non, ça va arriver. Et on doit vraiment se préparer. » Et c’est ce qui s’est passé pour nous, probablement à la mi-février. Je pense que nous avons créé notre comité de planification de la lutte contre la pandémie à la troisième semaine de février.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Et heureusement, chez Ornge, nous avions déjà un plan assez complet de lutte contre la pandémie. Nous l’avons simplement dépoussiéré, puis avons créé un comité directeur et commencé à travailler sur toutes les sections que nous avions déjà planifiées. Et chaque groupe, chaque individu, chaque service a commencé à examiner les instructions pour son secteur. Nous avons progressivement élaboré un plan cohérent pour la gestion des défis liés à une pandémie. Il était en fait assez remarquable de voir tout le travail qui s’accomplit en peu de temps lorsque les gens sont vraiment concentrés sur le sujet. Pour chaque service, nous avons simplement créé une liste de toutes les actions à entreprendre. Et nous avions deux objectifs principaux. Le premier était de protéger notre personnel et de faire en sorte que personne ne tombe malade. Et le second était de maintenir le service à nos intervenants.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Alors, nous n’avions vraiment que deux objectifs principaux. Et en ce qui concerne la protection du personnel, l’un de nos besoins immédiats était l’EPI, l’équipement de protection individuelle. Avions-nous assez de masques? Utilisions-nous le bon EPI? Il fallait vraiment parler à des experts qui avaient étudié la littérature sur le sujet. Il y avait une certaine confusion quant à ce qu’il fallait porter pour se protéger, étant donné qu’il s’agissait d’une maladie transmise par gouttelettes. Nous avons donc pêché par excès de prudence. Nous avons opté pour des masques N95 plutôt que de simples masques chirurgicaux, même si ces masques ne sont requis que lors des procédures générant des aérosols. Nous nous sommes basés sur la nature unique de notre environnement de transport.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Nous avons commencé par déterminer l’EPI nécessaire, puis les responsables des opérations ont travaillé très dur pour nous procurer les bonnes quantités, car la pénurie d’EPI était un problème majeur, et les gens ont imaginé des moyens très originaux de se procurer des EPI réutilisables. Justin Smith, en collaboration avec Arc’teryx (je n’arrive jamais à le dire correctement), nous a procuré des blouses. Tout le monde donnait vraiment son maximum pour que l’EPI ne manque pas. Nous avons dû élaborer des protocoles cliniques pour gérer certains patients qui présentaient un risque trop élevé pour être placés dans un environnement de transport. Nous avons aussi dû étendre nos protocoles à la province pour certaines choses, comme ce que nous appelons la ventilation en décubitus ventral. Les cliniciens ont vite mis la main à la pâte, et un sous-comité clinique s’est penché sur la question.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Nous avons dû planifier les RH. Nous sommes partis du principe qu’il y aurait beaucoup de personnel qui ne pourrait pas venir travailler, avons mis en place… OC Health a vraiment travaillé avec diligence pour nous aider à mettre en place les bons processus de dépistage. Les gens ne viennent pas au travail quand ils sont malades. Si quelqu’un tombe malade ou est exposé, nous assurons un suivi, nous nous assurons qu’il va bien. Nous lui faisons passer un test de dépistage et gérons toutes les restrictions concernant l’auto-isolement s’il est exposé ou passe un test.
 
Phillip Kim :
J’aimerais revenir sur le début de la pandémie. Vous avez dit qu’il était très, très difficile d’évaluer la gravité de la situation. En tant que professionnels sur le terrain, comment analysez-vous la situation de manière critique? Et ensuite, comment obtenez-vous de l’information fiable?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Honnêtement, on en obtient une partie dans les nouvelles, car le cycle des médias est maintenant si rapide qu’il devance la littérature médicale. Et on ne peut pas attendre. Je veux dire qu’on ne peut pas attendre le premier article officiel sur la COVID-19, parce que ce sera beaucoup plus lent que les gros titres du New York Times. Donc, on compte sur ça dans une certaine mesure. De notre côté, on compte sur Santé publique Ontario et sur le bureau du médecin hygiéniste en chef, qui ont des liens avec d’autres grandes organisations et nous fournissent de l’information. Et puis, il faut simplement se tenir au courant sur les pages Web de l’Organisation mondiale de la Santé, des CDC ou de Santé publique Ontario, et vraiment avoir la plus récente information.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Rapidement, nous avons participé à des appels quotidiens sur la COVID-19 avec la Direction de la gestion des situations d’urgence, ce qui nous a permis de poser des questions et de faire le point avec des experts. En parlant avec des collègues dans les pays touchés, nous apprenions des choses. Et nous gardions un œil sur les journaux scientifiques, parce que la collecte de preuves et la publication d’articles étaient accélérées. Ça nous aidait à mieux comprendre, même si la plupart de ces écrits portaient sur les traitements aigus et quelquefois sur l’EPI. Il s’agissait de prendre tout ça en considération pour élaborer un plan.
 
Phillip Kim :
Pendant ce temps, quelle était la situation émotionnelle chez Ornge?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Je pense qu’au début, la plupart d’entre nous, certainement en tant que fournisseurs de première ligne, étions anxieux et avions peur, n’est-ce pas? Parce qu’on a ici un virus dont les gros titres parlent, et un grand nombre de personnes qui tombent malades et meurent, y compris parmi le personnel de santé. Alors je pense, pour être honnête, que la première chose que nous ressentions était une certaine angoisse. À quoi avions-nous affaire? Serais-je protégé adéquatement? C’est pourquoi, du point de vue de la direction, nous nous efforcions de faire savoir aux gens que notre priorité était leur sécurité, que nous allions leur fournir la formation et l’équipement nécessaires à leur sécurité et qu’ils seraient soutenus dans les décisions qu’ils prendraient pour rester en sécurité dans cette situation. Je pense que nous nous sommes rapidement sentis à l’aise, mais il nous restait quelques inquiétudes, ce qui, je crois, est une bonne chose pour rester en sécurité.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Et puis, nous sommes entrés dans une sorte de nouvelle normalité. Nous sommes passés par là, et ceux d’entre nous qui sont assez âgés, comme moi, avions déjà connu tout ça avec le SRAS. Nous sommes donc passés par là, avec une maladie dont nous savons maintenant, pour être honnête, qu’elle est beaucoup moins mortelle que le SRAS, mais ça n’enlève rien à l’inquiétude qu’on puisse l’attraper ou la transmettre à un membre de la famille qui pourrait tomber malade. Mais je crois que nous savions que notre plan était plutôt bon, dans un sens générique. Nous avons appris un tas de choses, et maintenant, nous allons réécrire le plan en fonction de tout ça, parce que c’est une expérience unique dans une vie, espérons-le.
 
Phillip Kim :
Sur un plan plus personnel, comment la pandémie a-t-elle changé votre vision de la vie?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Je n’ai jamais rien vu de tel. Je crois que ça a réaffirmé ma foi dans le système que nous avons. Il suffit de voir comment les choses se sont passées aux États-Unis par rapport à ici. Et je pense que c’est en grande partie grâce à notre système de santé universel, à nos soins de santé publics financés – peut-être pas suffisamment, mais beaucoup plus que dans un système privé. Et je pense que ça a changé mon point de vue sur la santé publique, à laquelle je ne prêtais pas beaucoup d’attention auparavant, étant donné mon travail très différent. Mais ça a certainement confirmé que la santé publique est un pilier vital de notre système de santé. Encore faut-il qu’elle soit financée et soutenue en dehors des situations d’urgence…
 
Dr Bruce Sawadsky :
Et je pense que, chaque fois que des catastrophes surviennent, il y a un cycle. L’un de mes autres emplois est celui de directeur médical de l’Équipe des services médicaux d’urgence, une équipe de préparation aux catastrophes, et on observe des cycles de catastrophe. Lorsqu’il y a urgence, les fonds sont là, tout le monde reçoit du soutien. Mais quand ça passe, les gens se calment et oublient. J’espère vraiment que ce n’est pas ce qui se produira, que nous maintiendrons une certaine vigilance quant à toutes nos faiblesses, comme l’EPI ou les maisons de retraite en Ontario, où il y a eu bien des difficultés au début. Et à la manière dont nous, chez Ornge, nous préparons à de telles catastrophes, y répondons et planifions les prochaines.
 
Phillip Kim :
Pouvez-vous nous dire ce que le fait de travailler à Ornge a changé dans votre vie?
 
Dr Bruce Sawadsky :
Globalement, au cours des 20 dernières années?
 
Phillip Kim :
Oui. Résumez ces 20 années en cinq secondes.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Eh bien, c’est une question difficile, parce que je suis chez Ornge depuis avant même qu’elle ne soit Ornge. Avant, c’étaient des hôpitaux régionaux qui géraient leurs services locaux d’ambulance aérienne, puis ils ont été progressivement regroupés en une seule organisation et sont devenus Ornge. Ça a certainement été un point focal de toute ma carrière. Je dirais même que c’en est devenu ma sous-spécialité. Autrement dit, j’adore ce domaine. Et je suis très heureux d’en être arrivé à ce poste, qui me permet d’influencer certaines des décisions plus larges que nous prenons en tant qu’organisme pour l’avenir. Dans l’ensemble, l’expérience a été très positive pour moi. D’avoir la chance de participer à quelque chose d’aussi unique, c’est génial. Et je suis actuellement dans un organisme très fort.
 
Phillip Kim :
Quels sont les changements que vous aimeriez voir au cours des prochaines années?
 
Dr Bruce Sawadsky :
D’un point de vue interne, je veux voir une plus grande délégation des responsabilités et du leadership aux paramédicaux de première ligne, et c’est justement pourquoi je parlais de notre plan d’éducation, d’intensifier l’apprentissage entre pairs et de stimuler le leadership clinique local dans les bases en outillant les paramédicaux pour qu’ils deviennent des chefs de file et des mentors de formation pour leurs jeunes collègues et les autres. Je pense qu’à l’externe, nous devons nous concentrer encore et encore sur le soutien aux communautés rurales et éloignées du Nord et des Premières Nations. Nous assurons le soutien à la recherche et pratiquons la télémédecine. Je pense que nous devons étendre notre rôle au-delà du simple transport pour soins critiques, mais nous avons une expertise et nous sommes présents dans ces communautés, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’organisations. Je pense donc que nous devons concentrer nos efforts au-delà du travail d’ambulance aérienne et soutenir ces communautés par l’éducation, la formation et le soutien à la recherche.
 
Phillip Kim :
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de discuter avec moi aujourd’hui. Je vous en suis très reconnaissant.
 
Dr Bruce Sawadsky :
Ce fut un plaisir, Phil. C’était plutôt amusant. Merci pour votre temps. Et j’espère avoir répondu à toutes vos questions.
 
Rachel Scott :
Merci d’avoir écouté l’épisode d’aujourd’hui. Tout au long de la saison, nous nous intéresserons à différents membres de notre organisme qui transforment la vie des patients. Ce balado vous a été fièrement présenté par le Programme d’ambulances aériennes d’Ornge. L’épisode a été produit par Rachel Scott et Phil Kim, avec le soutien du merveilleux personnel de l’équipe Ornge.
 
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Ornge est le plus grand fournisseur de services d’ambulance aérienne et terrestre au Canada. Nous effectuons plus de 20 000 déplacements pour des patients chaque année. Ce balado vous donnera un aperçu de notre fonctionnement interne.

Qu’il s’agisse de la coordination et de la répartition des appels, du triage des patients dans la province ou de la logistique liée à l’exploitation d’une flotte d’hélicoptères, d’avions et d’ambulances terrestres, vous découvrirez ce qu’il faut pour fournir des soins vitaux dans un environnement en constante évolution. Téléchargez PULSE sur votre application de baladodiffusion préférée ou visitez le www.ornge.ca/pulse pour écouter le plus récent épisode.

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