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Opération Remote Immunity – Partie 2

PULSE : ÉPISODE 3

mai 8, 2021

8 mai, 2021

|

Ontario

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Ornge Media

Dans cet épisode, l’équipe six nous raconte en détail son périple pour aller vacciner les membres de la communauté de Kashechewan. Nous parlons aussi avec Patrick Auger, commandant des interventions, et Rob Taranishi, chef de la Section de la logistique, de l’opération Remote Immunity


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Voir la transcription de l’épisode ci-dessous.

Différents clips de nouvelles

Rachel Scott :

Presque tout le monde en Ontario a entendu parler de l’opération Remote Immunity (ORI). Lancée le 1er février 2021, elle permet aux résidents des communautés autochtones éloignées de recevoir le vaccin de Moderna. Vu l’importance cruciale de la participation des dirigeants autochtones à la distribution des vaccins dans leurs communautés, l’ORI a été planifiée de concert avec la Nation Nishnawbe Aski (NAN). De janvier à avril 2021, les équipes de vaccination dirigées par Ornge se sont rendues dans 31 communautés NAN des régions nordiques éloignées et à Moosonee pour administrer le vaccin à ceux et celles qui le souhaitaient. Plus de 25 000 doses ont été injectées. L’épisode d’aujourd’hui vous fera découvrir les dessous de l’opération Remote Immunity au moyen de témoignages des membres de l’équipe six. Ceux-ci raconteront leur passage dans la communauté de la Première Nation de Kashechewan, près de la baie James, dans le Nord de l’Ontario. Je suis Rachel Scott, et vous écoutez PULSE d’Ornge.

Steve Darling :
Notre première nuit là-bas a été une aventure.

Dre Laurie Mazurik :
Il a eu quelques péripéties ce jour-là.

Dre Karen Devon :
Je ne sais pas ce que les autres vous en ont dit, mais tout ce qui pouvait mal aller est mal allé le premier jour.

Patrick Auger :
Durant cette opération, nous voulions éviter que l’équipage de vol ait à passer la nuit sur place. Mais dès le premier jour de la première semaine, c’est exactement ce qu’a dû faire l’une de nos équipes.

Rob Taranishi :
La situation en cette première semaine est devenue assez unique. Les membres de l’équipe ont dû utiliser les trousses au jour 1 de l’ORI. Première journée, et je me dis qu’on n’est pas sortis du bois. En plus, tout le monde a été séparé, ce qui a apporté son lot de difficultés.

Rachel Scott :
Le 1er février 2021 marquait le lancement de l’opération Remote Immunity. Après des semaines de planification, on passait enfin à l’action. Une demi-douzaine d’équipes prenait son envol à l’une des trois zones d’étape en prévision de cinq jours de vaccination communautaire. L’équipe six suivait le modèle des équipes d’intervention. Elle comptait un paramédical expérimenté à sa tête, des médecins et des infirmières à la vaccination, un imposant personnel de soutien et un coordonnateur de site. Norm Wesley était le coordonnateur local. Chaque personne à ce poste avait été sélectionnée par la Nation Nishnawbe Aski pour sa connaissance de la communauté et sa capacité de soutien aux activités sur le terrain. Voici Norm; il est enseignant.

Norm Wesley :
Je suis enseignant de profession. J’ai travaillé au primaire et au secondaire. J’ai aussi été chef de la Première Nation crie de la Moose et président du conseil tribal des Cris Muskegog. Vous m’appelleriez un chef de bande de nos jours. Disons que j’ai fait pas mal de choses.

Rachel Scott :
Où habitez-vous? D’où êtes-vous originaire?

Norm Wesley :
J’habite à Moose Factory, en Ontario, une communauté d’à peu près 4 000 habitants. Je n’ai jamais fait le compte, mais c’est petit par rapport à Toronto. On dit qu’il s’agit de la plus vieille colonie anglophone en Ontario, avec Kingston. Sa fondation remonte à bien plus de 300 ans, il me semble.

Rachel Scott :
Selon Parcs Canada, elle a été fondée en 1673, et la Compagnie de la Baie d’Hudson y a établi le poste de traite des fourrures de Moose Fort. C’était il y a presque 350 ans. Dites-moi, Norm, comment en êtes-vous venu à participer à l’opération Remote Immunity?

Norm Wesley :
Je suis consultant en relations communautaires pour la Weeneebayko Area Health Authority (WAHA), à la baie James. On m’a demandé d’accompagner l’équipe de vaccination avec la WAHA dans les communautés le long du littoral. Le départ se fait en général de Moose Factory, le mien en tout cas. Je me lève tôt et je déjeune en vitesse avant de me rendre à l’aéroport de Moosonee, où nous montons dans l’avion nolisé par Ornge pour le trajet vers les communautés plus au nord. Cette fois, la destination était Kashechewan.

Rachel Scott :
Norm attend donc à Moosonee l’équipe six qui arrive de Timmins. Le plan est d’accueillir l’équipe et un groupe de vaccinateurs de la WAHA pour qu’ensemble, ils se rendent à Kashechewan. Avant de vous parler du reste de l’équipe six, je veux vous présenter Pat Auger. Ce paramédical en soins critiques d’Ornge est actuellement commandant des interventions de l’opération Remote Immunity. Bonjour, Pat. Parlez-nous un peu des communautés éloignées ciblées.

Patrick Auger :
Des communautés accessibles par avion. En fait, nous en avons ciblé 36 que nous allons épauler. Notre soutien prend la forme de ressources humaines, bien sûr, mais aussi de fournitures médicales et d’aide au transport et à l’administration des vaccins. De plus, nous fournissons des conseils techniques aux communautés pour les aider à assumer leurs responsabilités et pour les aider à mettre sur pied et à tenir les cliniques de vaccination.

Rachel Scott :
Avant la pandémie, Ornge transportait régulièrement des patients issus de ces communautés. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ou nous parler des éléments à considérer dans l’exécution de l’ORI?

Patrick Auger :
Il y a des problèmes d’équité au sein même du système de santé. Beaucoup de ces communautés ont une infirmerie, mais pas nécessairement de clinique de médecine familiale ou d’hôpital local. Dans bien des cas, Ornge fait le lien entre la communauté et les services de soins critiques – et de soins primaires – pour le transport des patients. Notre relation avec les coordonnateurs locaux en est une de coopération, puisque nous travaillons avec 31 communautés indépendantes.

Patrick Auger :
Toutes les communautés éprouvent des difficultés liées au soutien des infrastructures, aux ressources en santé, et cetera. La NAN a donc établi un système pour fournir des coordonnateurs de site. Ces derniers jouent un rôle absolument indispensable au succès de l’opération, parce qu’ils connaissent leurs communautés et leur culture. Bien souvent, selon l’endroit, l’administration des doses est précédée d’une prière, d’une cérémonie ou d’une bénédiction des vaccins. Il faut penser à tout ça pour respecter la communauté et apporter un soutien adéquat.

Rachel Scott :
C’est génial d’entendre parler de collaboration au sein de chaque communauté. Qu’en est-il de la planification pour une opération aussi complexe?

Patrick Auger :
Pour vous donner une idée, certains aéronefs parcourent une distance équivalente à l’aller-retour entre Toronto et la Floride ou le golfe du Mexique. Nous transportons des professionnels, des fournitures médicales et des vaccins en suivant un protocole de chaîne du froid très strict. Quand je pense à la complexité entourant tout ça… Il a d’abord fallu mettre en œuvre un SGI, c’est-à-dire un système de gestion des incidents, qui couvre absolument tout. On parle entre autres de la direction médicale – un directeur médical est attitré à l’opération Remote Immunity – et d’agents de liaison pour la mobilisation communautaire et la reconnaissance. La Section de la planification se concentre sur les rapports de gestion des incidents et le cycle opérationnel. C’est un travail colossal, parce qu’une multitude d’organisations et différents ordres de gouvernement participent à l’opération.


Rachel Scott :
J’ai lu le plan d’action en cas d’incident et la trousse de présentation, soit plus de 250 pages de planification détaillée. On y présentait les opérations tactiques au jour le jour, les principales fonctions, les aspects logistiques, la portée, les objectifs et les opérations aériennes. S’ajoutaient à cela les membres des équipes, les aide-mémoire, les horaires et la documentation sur la sécurité. On y trouvait même des plans d’étage et d’aménagement, des cartes géographiques, des listes de vérification, des protocoles et bien d’autres outils. Mais c’est la première page qui m’a marquée. Dans un gros encadré noir, j’y ai lu les 12 principes directeurs établis par la NAN pour l’opération Remote Immunity. Obligatoires, ces principes avaient à l’évidence été élaborés pour assurer le succès de l’entreprise. En voici trois exemples : les équipes de vaccination doivent être elles-mêmes vaccinées; l’ORI doit suivre une approche progressive par régions; on fournira des traductions et un service d’interprétation à la clinique. Non seulement le projet avait été bien planifié, mais il s’agissait d’un effort concerté. Bon, il est temps de vous présenter l’équipe six. Voici son chef, Steve Darling.

Steve Darling :
Je suis Steve Darling, paramédical en soins critiques à la base de la RGT. Dans le cadre de l’opération Remote Immunity, j’ai eu la chance de diriger l’équipe six qui était basée à Timmins et s’occupait de la baie James et de la baie d’Hudson le long du littoral.

Rachel Scott :
Depuis combien de temps travaillez-vous chez Ornge?

Steve Darling :
J’œuvre dans les services d’ambulance aérienne depuis 1988 et je suis paramédical depuis 1983. Notre base était située à l’extérieur de Timmins. L’emplacement était assez stratégique. Nous pouvions aller dans les communautés de la baie James et de la baie d’Hudson puis revenir à Timmins pour nous réapprovisionner et faire le point.

Rachel Scott :
Parlez-nous un peu de votre équipe.

Steve Darling :
La Dre Laurie Mazurik était ma cmdtA, ma commandante adjointe. Comme nous sommes collègues depuis au moins 25 ans, nous nous connaissons un peu. C’était la première fois que nous collaborions d’aussi près, mais le succès a été au rendez-vous.

Dre Laurie Mazurik :
Bonjour, je m’appelle Laurie Mazurik. Je suis médecin spécialisée en transport sanitaire chez Ornge et urgentologue au centre Sunnybrook depuis au moins 25 ans, je dirais.

Steve Darling :
Mon équipe formait un groupe intéressant. Il y avait aussi un urgentologue du RUS, un chirurgien vasculaire de William Osler et une chirurgienne générale du RUS.

Dre Karen Devon :
Je suis Karen Devon, chirurgienne endocrinologue et éthicienne spécialisée en chirurgie à l’Hôpital Women’s College et au RUS à Toronto.


Rachel Scott :
Je me permets de faire une parenthèse. La Dre Karen Devon s’est jointe à notre réunion sur Zoom avec environ 30 secondes de retard. Elle sortait à peine du bloc opératoire quand elle m’a parlé.

Dre Karen Devon :
J’effectuais une parathyroïdectomie, une opération visant à retirer les glandes parathyroïdes d’un patient. Comme il y a toujours des surprises, ça a pris un peu plus de temps que prévu.

Rachel Scott :
Son point de vue d’éthicienne m’a fasciné.

Dre Karen Devon :
Chaque décision comporte un volet éthique. Le choix des groupes de vaccination prioritaires est une question d’éthique. Celui d’émettre autant de CO2 pour voler vers tous ces endroits l’est tout autant. L’éthique intervient absolument partout, mais on l’oublie parfois. Quand ces enjeux font les manchettes comme ce fût le cas avec la pandémie, les éthiciens sont tout à coup très sollicités.

Rachel Scott :
Revenons à nos moutons.

Steve Darling :
Le groupe s’intéresse aussi beaucoup à la médecine en région éloignée. La Dre Mazurik effectue des remplacements le long du littoral de la baie James ces temps-ci. Elle s’y connaît.

Dre Laurie Mazurik :
J’ai aussi un rôle non officiel chez Ornge en lien avec mon projet STRONGERR. J’ai pris une année sabbatique de Sunnybrook pour travailler exclusivement dans le Nord, surtout dans les communautés des Premières Nations. J’ai pour ambition d’améliorer les méthodes de travail auprès des intervenants dans ces régions.

Steve Darling :
C’était une chance parce que notre première nuit là-bas a été une aventure.

Dre Karen Devon :
Il y a eu quelques péripéties ce jour-là. L’expérience nous a rapprochés, et nous sommes devenus une équipe de feu.

Dre Laurie Mazurik :
Nous avons eu chaud. Je ne sais pas ce que les autres vous en ont dit, mais tout ce qui pouvait mal aller est mal allé. Par contre, ça nous a permis de tisser des liens solides avec l’équipe de la WAHA.

Rachel Scott :
Avant de nous raconter cette grande aventure, pouvez-vous nous parler de Kashechewan? Y étiez-vous déjà allés?


Steve Darling :
J’avais fait un voyage de cinq jours dans le Nord pour visiter les sites et j’étais allé à Kash. Mon expérience dans les communautés là-haut était limitée, mais je savais un peu à quoi m’attendre.

Rachel Scott :
Dre Devon, comment s’est préparée l’équipe?

Dre Karen Devon :
Tout d’abord, nous avons suivi une formation sur la sensibilité culturelle. Quand on reçoit un lien vers une formation en ligne, on n’a pas toujours le goût de s’y mettre. Mais cette fois, j’ai adoré. Le module sur les réalités autochtones était extrêmement éducatif et dynamique. Il dure au moins huit heures, mais on en prendrait bien d’autres, et on continue d’aborder le sujet dans mon groupe. Je vous jure que ça en valait vraiment la peine. Nous décollions le lendemain matin.

Steve Darling :
C’était un lundi matin. Nous avions suivi la formation la veille. Tout le monde s’est réuni à l’aéroport et a reçu son vaccin. Après avoir quitté Timmins, nous avons fait escale à Moosonee pour embarquer un groupe de paramédicaux et d’infirmières de la WAHA avant de repartir pour Kash. Et bien sûr, il a fallu que la météo s’en mêle et nous fasse rater notre approche.

Dre Karen Devon :
En fait, nous avons amorcé la descente. Je suppose qu’à un certain point, il faut que les pilotes arrivent à voir la piste, sinon ils reprennent de l’altitude. Voilà ce qui s’est passé : nous descendions et descendions vers le sol, il y avait du brouillard, et nous sommes repartis vers le ciel. Les moins habitués se sont posé des questions.

Steve Darling :
Impossible d’atterrir à Kash à ce moment-là. Alors, nous sommes retournés à Moosonee en attendant que la météo s’améliore.

Dre Laurie Mazurik :
Nous sommes descendus de l’aéronef pour apprendre que la météo nous clouait au sol. Pas moyen d’aller à Kashechewan. Je crois que nous avions tenté d’atterrir sans succès avant le retour à Moosonee. Il fallait trouver une solution, parce que la voie des airs était impraticable. Le brouillard glacé gênait la visibilité. Il était environ 10 h, et le temps devait s’améliorer vers 13 h, ce qui nous laissait deux ou trois heures pour vacciner les 150 personnes qui avaient pris rendez-vous.

Steve Darling :
Au sud de Moosonee, tout allait bien côté météo. J’ai appelé M. Auger au poste de commandement et, comme le temps était si incertain le long du littoral, je lui ai dit de planifier deux jours dans la communauté.

Dre Laurie Mazurik :
Pour que la campagne ait du succès, il ne fallait pas prendre de retard. L’équipe s’est concertée et a tout de suite demandé s’il était possible d’emprunter la route de glace. Nous pouvions utiliser l’équipement de survie et dormir sur le plancher de l’école. Chacun était disposé à le faire pour mener à bien cette mission et aider les gens. Nous n’avions pas besoin de confort, mais d’arriver à destination. Nous étions impatients d’être sur place et de nous mettre en action. Nous étions prêts à tout pour y arriver. Arrivés du Sud, nous voulions tous voir les gens vaccinés et nous savions à quel point c’était important.

Dre Karen Devon :
Nous prévoyions un retard de cinq heures, alors nous avons décidé d’un commun accord que si nous pouvions nous rendre à destination… Le plan initial était d’administrer des doses toute la journée à partir de 9 h. Nous craignions que les gens se soient découragés en constatant notre absence. L’équipe avait donc décidé de rester dans la communauté ce soir-là pour tenir la clinique plus tard et reprendre tôt le lendemain, si possible. Toute une aventure!

Rachel Scott :
En résumé, l’équipe six est prête à se mettre au travail, mais le mauvais temps l’empêche d’atteindre Kashechewan par la voie des airs. L’entreprise semble être tout un casse-tête logistique. Je me suis renseignée sur le sujet auprès de Rob Taranishi.

Rob Taranishi :
Je suis Rob Taranishi, paramédical en soins critiques chez Ornge. En ce moment, je cumule aussi les postes de paramédical responsable de la normalisation au sein de l’organisme et de chef de la Section de la logistique pour l’opération Remote Immunity.

Rachel Scott :
Que fait un chef de la Section de la logistique?

Rob Taranishi :
Mon travail consiste à superviser la bonne utilisation des équipements, en particulier des vaccins, et à tenir à jour l’inventaire. En gros, je tâche de réunir tout ce qu’il faut pour l’opération.

Rachel Scott :
Auriez-vous des exemples de défis logistiques ou de nouvelles technologies utilisées pour ce projet?

Rob Taranishi :
Il fallait trouver un moyen d’acheminer les vaccins. Dans le Nord, on utilise le vaccin de Moderna, qui doit rester congelé durant le transport par avion ou autre véhicule. Ça complique les choses de devoir maintenir le produit à une température de -15 °C à -25 °C. On ne peut pas se servir de n’importe quelle glacière. Il nous en fallait une qui conserverait une température d’environ -20 °C pendant de longues périodes. En effet, le mauvais temps ou un bris mécanique risquait d’isoler les équipes dans les communautés pendant 48 h, voire 72 h.

Rob Taranishi :
Nous avons choisi le Crēdo Cube, une nouveauté pour nous. Évidemment, il ne sert que pour le vaccin. Il nous fallait aussi un moyen de contrôler la température. Grâce à la couverture cellulaire, l’appareil de blueRover nous permet de suivre la température à l’intérieur du cube de transport en tout temps. Nous avons dû apprivoiser ces nouvelles technologies.

Rachel Scott :
Les équipes ont aussi accès à une trousse de dépannage.

Rob Taranishi :
Durant la planification, l’une des priorités en matière de sécurité était de fournir des trousses de dépannage aux équipes qui ne pourraient pas revenir à la base. On trouve des sites d’hébergement dans certaines communautés, mais il arrive aussi qu’un centre communautaire serve de refuge. Nous avons donc pensé à fournir un sac de couchage, un lit pliant et un peu de nourriture au cas où il serait impossible d’en obtenir. Comme les trousses doivent être chargées à bord chaque jour, il fallait qu’elles soient à la fois assez petites pour entrer dans l’avion et assez complètes pour répondre aux besoins de l’équipe. Nous avons fait la liste des éléments essentiels, dont un moniteur cardiaque, puis il a fallu tout trouver. Nous devions voir à ce que tout soit disponible aux carrefours, prêt à l’emploi.

Rachel Scott :
Par « carrefour », Rob entend l’une des trois zones d’étape. Thunder Bay, Timmins et Sioux Lookout ont été jugés les meilleurs sites de décollage vers les 31 communautés éloignées. Chaque site se trouve à proximité d’une base d’Ornge, ce qui facilitait la réservation des chambres d’hôtel et des salles de conférence où entreposer l’équipement et les fournitures.

Rob Taranishi :
La difficulté réside parfois dans le court préavis qui nous oblige à agir au pied levé. On peut faire parvenir la majorité de l’équipement assez vite à Timmins et à Thunder Bay, dès le lendemain dans certains cas. C’est un peu différent à Sioux Lookout : il faudra probablement jusqu’à quatre jours pour envoyer quoi que ce soit par courrier. Le défi est donc d’envoyer l’équipement et de s’approvisionner en Crēdo Cubes. Il y a déjà eu un petit délai de production chez le fabricant. L’expérience a été fascinante, intense et amusante à la fois, je suppose. Ce n’est pas de tout repos. Il arrive qu’on n’ait que quelques jours de préavis avant l’accueil de nouveaux participants ou le transport d’une équipe et de ses vaccins vers une autre destination.

Rachel Scott :
Avez-vous déjà travaillé en tant que paramédical auprès des patients de ces communautés nordiques? Avez-vous participé à une mission de reconnaissance pour l’ORI?

Rob Taranishi :
Je n’ai participé à aucune mission du genre. Lundi, j’ai eu le privilège d’escorter Alvin Fiddler, le grand chef de la NAN, qui voyageait à Sandy Lake pour se faire vacciner. J’ai été très chanceux de pouvoir l’accompagner tout au long de la journée. Il n’avait que de bons mots pour Ornge et a pu parler aux membres de la communauté et à la chef de Sandy Lake. Cette rencontre m’a beaucoup apporté. Nous sommes là pour des raisons différentes. Il n’est pas question de transport, mais de vaccination. Notre rôle n’est pas le même qu’à l’habitude. J’ai trouvé cela très gratifiant. J’ai eu la chance d’entendre des témoignages qui m’ont ébloui. Je suis privilégié. Ce sera un moment fort de ma carrière.

Rachel Scott :
Nous avons parlé de logistique et de planification. Écoutons maintenant la suite du périple de l’équipe six.

Steve Darling :
Le temps s’est éclairci. Après un petit caucus, l’équipe six et le personnel de la WAHA sont partis en avion pour ouvrir la clinique. Ça s’est fait avec environ deux heures et demie de retard, mais quand même.

Dre Laurie Mazurik :
Quand le ciel s’est dégagé, tout le monde, sauf Steve, a pu se rendre par avion à Kashechewan. Nous avions pris des vaccins avec nous pour commencer les injections. Nous avons pu atterrir à Kashechewan, nous installer et administrer les 60 premières doses pendant que Steve et Norm prenaient la route de glace avec le reste des vaccins. Quand l’aéronef est reparti, nous savions à quoi nous attendre. Nous allions trouver un coin pour dormir. Ça ne nous gênait pas.

Dre Karen Devon :
En descendant de l’avion, nous avons été accueillis par des Rangers très enthousiastes. C’était vraiment agréable de se faire acclamer. Puis, ils nous ont entassés dans cinq camionnettes avec tout le matériel, et nous avons pris la route. À l’ouverture de la clinique, tout allait rondement. Le premier groupe sur place était visiblement le plus motivé à se faire vacciner et le moins craintif. Les premières heures se sont bien déroulées. Nous travaillions bien ensemble. En équipe, nous avons décidé de rester dans la communauté ce soir-là pour tenir la clinique plus longtemps et commencer tôt le lendemain.

Dre Laurie Mazurik :
Nous n’avions qu’une idée en tête : administrer les vaccins. Nous avons commencé vers 15 h 30. C’était formidable, vraiment formidable. Je pense que la plupart d’entre nous craignaient que ça tourne au désastre, mais ç’a été tout le contraire, et c’est grâce aux gens qui ont travaillé main dans la main.

Steve Darling :
Quand l’avion est arrivé de Timmins avec les réserves de vaccins, Norm Wesley et moi avons pris la route de glace.

Norm Wesley :
À cause des cristaux de glace à Kashechewan, le vol était retardé. Il a fallu attendre jusqu’à 13 h 30 avant que l’équipe s’envole. À ce moment-là, Steve Darling et moi sommes restés au sol pour attendre les autres vaccins, puis nous avons roulé sur la route d’hiver pendant deux heures et demie pour retrouver l’équipe avec tous les produits.

Steve Darling :
Imaginez : deux heures et demie avec un ancien qui vous raconte ses expériences de vie avec les pensionnats et des histoires de tradition orale incroyables sur la Compagnie de la Baie d’Hudson dans les années 1600 et 1700.

Norm Wesley :
J’ai 71 ans. Ou presque. Je les aurai en juin. Et je suppose que ça fait de moi un aîné. Vous me demandez ce qu’on entend par « anciens ». Les anciens sont des gens à l’écoute, engagés et bienveillants. Ils aiment leur communauté, ils aiment l’humanité et ils veulent faire le bien. Si on trouve ces qualités chez moi, peut-être qu’elles font de moi un ancien. Suis-je parfait? Non. Est-ce que je fais des erreurs? Oui. Est-ce que j’aime ma communauté? Oui. Alors, certains disent de moi que je suis un ancien, ce qui me remplit d’humilité. Quand je fais des erreurs – ce qui arrive en général chaque jour–, j’ai parfois l’impression de ne pas mériter ce titre. Mais voilà ce que sont les anciens. On ne parle pas de l’idée que vous avez de vous-même, mais de celle que les autres se font de vous. Si vous êtes un ancien à leurs yeux, c’est que vous êtes bel et bien un ancien.

Steve Darling :
Nous roulions donc sur la route de glace. Le paysage était à couper le souffle. Nous sommes arrivés à Kash vers 13 h. Je ne me souviens pas de l’heure exacte. L’important, c’est que notre arrivée a coïncidé avec l’administration des derniers vaccins sur place. Il nous a fallu un peu de temps pour préparer les fioles, puis nous avons fait rouler la clinique jusque vers 21 h. Normalement, elle aurait dû fermer à 17 h. Mais personne n’a sourcillé, et tout le monde semblait content de servir la communauté.

Norm Wesley :
La vaccination s’est déroulée de 15 h à 22 h, si je me souviens bien. Nous avons fait beaucoup de millage.

Dre Laurie Mazurik :
En fin de compte, nous avions assez de véhicules, et Steve a réuni assez de vaccins. L’équipe était décidée à dormir sur place. Nous avons décalé l’horaire de notre arrivée jusqu’à ce que plus personne ne se présente à la clinique. Nous pensions fermer à 21 h 30 ce soir-là. À la fin de la journée, chacun de nous s’est dit : « Bon sang! C’est un petit miracle qu’on y soit arrivés. » Comprenez-moi bien : nous n’avons pas survécu à un bombardement. Mais avec toutes ces complications, les choses auraient pu mal tourner au lieu de si bien aller. Ça a donné le ton pour la suite.

Steve Darling :
La première nuit a été une aventure. Nous l’avons passée dans la communauté.

Dre Laurie Mazurik :
La communauté nous a fourni de la nourriture. On a trouvé des lits pour tout le monde; l’équipe de la WAHA devait rester elle aussi.

Steve Darling :
Et nous avons passé la nuit là-bas.

Dre Laurie Mazurik :
Nous avons dormi un peu partout dans la communauté. L’équipe six d’Ornge a été installée dans ce qui ressemblait à un gîte touristique. Steve et moi avons laissé les quatre lits aux vaccinateurs et à Jennifer.

Steve Darling :
Ils nous ont trouvé un gîte. Pour tout dire, c’était deux caravanes de chantier réunies. Il y avait assez de lits et de divans pour tout le monde sauf moi. J’ai donc passé la nuit sur le plancher.

Dre Laurie Mazurik :
Steve – Dieu merci – a dormi sur le plancher et m’a laissé le divan. Étrangement, plusieurs ont décrit leur nuit comme la meilleure de la semaine. J’ai l’impression que nous étions tout simplement épuisés.

Steve Darling :
Tout le monde était de bonne humeur. Ça a compté pour beaucoup. Et la communauté était très reconnaissante que nous n’ayons pas raté un jour de vaccination. Par chance, Kashechewan a le seul Tim Hortons le long du littoral. J’ai fait des heureux en livrant le café matinal.


Norm Wesley :
Le lendemain matin, nous avons repris la vaccination à 10 h.

Rachel Scott :
Décrivez-moi la clinique. Comment le bâtiment était-il aménagé?

Steve Darling :
On s’est installés dans un bon vieux gymnase d’école qui comptait deux terrains de basketball. Ils avaient aménagé l’espace pour faciliter le déroulement des activités.

Dre Karen Devon :
À notre arrivée au gymnase, tout était déjà très bien organisé. On aurait dit la clinique où je m’étais moi-même fait vacciner à Toronto. Ça grouillait de monde sur place pour nous aider avec les aspects logistiques, les formulaires, et cetera.

Norm Wesley :
Il n’y avait rien à redire sur l’organisation ou l’aménagement. La clinique de vaccination était fonctionnelle et très professionnelle.

Steve Darling :
Les gens entraient pour s’inscrire et répondre au questionnaire. Ils attendaient leur tour pour se faire vacciner à l’une des 10 stations, puis passaient à l’aire d’attente avant de quitter les lieux.

Dre Laurie Mazurik :
Les gens de la WAHA s’étaient extrêmement bien préparés. Il y avait trois paramédicaux, quelques médecins, l’équipement. Ce n’était pas leur premier rodéo. De plus, l’infirmerie de Kashechewan avait affecté au moins trois infirmières à la clinique. Elles administrent habituellement les vaccins contre la grippe, ce qui en fait des vaccinatrices d’expérience. On trouvait aussi une dizaine ou une douzaine de responsables du triage à la porte pour le volet administratif. La WAHA a vraiment créé un système très efficace pour que les gens puissent se faire vacciner en deux temps, trois mouvements.

Steve Darling :
Je jouais vraiment un rôle de soutien. Je restais dans le fond de la salle avec Jennifer Young qui s’occupait de la documentation. Laurie Mazurik supervisait les activités. Les vaccinateurs étaient des employés de la WAHA et de chez nous. Leur brigade comptait aussi quelques infirmières de la DGSPNI. Moi, je restais en retrait. Comme on a peu de temps une fois les doses dégelées, je restais assis là et je surveillais les arrivées. Jennifer me tenait au courant du nombre de formulaires remplis, c’est-à-dire de vaccins administrés. J’essayais toujours d’avoir environ 20 doses d’avance. Je les préparais et je les posais sur la table. Je ne quittais jamais mon poste. Laurie allait distribuer les aiguilles prêtes au personnel. Cette formule réduisait les déplacements au maximum.

Dre Laurie Mazurik :
Il fallait décongeler et aspirer les doses rapidement pour administrer autant de vaccins que possible, parce que les doses disparaissaient à vue d’œil. Je suis devenue la personne à tout faire, je tirais parti de mes forces, et Steve s’est concentré sur les tâches qui correspondaient aux siennes. Ce système fonctionnait à merveille selon moi. À partir de là, le travail d’équipe était solide. Certaines personnes se sont évanouies. D’autres avaient l’air d’avoir des réactions allergiques. Nous en avons vu de toutes les couleurs la première journée. Alors, nous avons appris très vite comment aspirer les doses efficacement, comment anticiper les évanouissements, où déplacer la personne et comment prendre la situation en main, par exemple.

Dre Laurie Mazurik :
Cette journée a probablement été la plus formatrice pour nous tous. Je suis médecin, et Steve est paramédical. Comme il connaissait mieux les aspects logistiques, les vaccins et le système de gestion des incidents, il s’en est occupé. Il se chargeait de tout ce qui était logistique, rapports, organisation des repas et des vols ou autres besoins. Il prêtait aussi une oreille attentive. Les médecins ont tendance à émettre leurs idées, qu’elles soient bienvenues ou non. Steve en a entendu plus d’une. Il veillait à ce que chacun ait son mot à dire et à ce qu’on s’entende. Il tenait ce rôle-là.

Dre Laurie Mazurik :
Pour ma part, je suis devenue la consultante médicale de service. Disons que j’étais… J’aime bien les émissions de guerre des restos, comme Top Chef. Je me voyais comme l’aboyeur : je supervisais le processus de A à Z. Je vérifiais que les responsables du triage étaient prêts, qu’ils savaient quoi faire – Jennifer Young s’en occupait aussi. À l’arrivée des gens, il y avait des attroupements. Je faisais de mon mieux pour les disperser. Si les vaccinateurs avaient des questions sur l’indication, les contre-indications ou les mesures particulières à prendre pour un patient, j’y répondais. Si les patients voulaient un médecin et qu’aucun n’était disponible, je fournissais une consultation médicale à l’infirmière ou au paramédical vaccinateur pour le patient.

Steve Darling :
En même temps, un ou une bénévole surveillait les personnes vaccinées pendant 15 minutes, 30 si elles étaient à risque. En cas d’incident, je quittais mon poste et je prenais en charge le patient avec Laurie.

Rachel Scott :
Parlez-moi de la promotion. Comment avez-vous convaincu la communauté de participer à la campagne?

Dre Laurie Mazurik :
Norm, Lynn et le chef ont pris la parole à la radio et dans des vidéos en direct chaque jour pour motiver les gens.

Dre Karen Devon :
La présidente de la Weeneebayko Area Health Authority m’a demandé de parler avec elle à la radio locale à titre de médecin. Nous sommes allées dans la remorque de la personne qui animait l’émission et nous sommes entrés en ondes. Nous parlions directement à la communauté de l’importance de se faire vacciner. Tout était traduit en cri ou en oji-cri.

Norm Wesley :
Les messages d’encouragement se sont multipliés. Je parlais à la radio locale de l’importance de se faire vacciner. J’expliquais le concept d’immunité collective. Je rappelais qu’il faut non seulement se protéger soi-même, mais aussi protéger ses enfants, ses petits-enfants et ses grands-parents.


Dre Karen Devon :
Nous avons donné de l’information sur le vaccin. Nous avons déboulonné quelques mythes, notamment au sujet des contre-indications.

Norm Wesley :
Les gens sont réticents. Il y a beaucoup de monde sur Facebook et beaucoup de mésinformation.

Dre Karen Devon :
Nous invitions les gens à venir nous parler même s’ils ne voulaient pas recevoir le vaccin : la discussion était gratuite. Si je me souviens bien, l’invitation a été lancée le deuxième jour, et elle a changé la donne. Il y a eu un mouvement de masse après l’annonce. C’était surprenant et beau à voir.

Norm Wesley :
La clinique a été très populaire en fin de journée. Beaucoup de gens plus jeunes sont venus, ce qui était très encourageant. J’ai parlé avec une jeune femme affreusement nerveuse à l’idée de recevoir le vaccin et tout. Elle a pris son courage à deux mains et s’est présentée avec sa sœur. Malgré sa nervosité, elle s’est fait vacciner. C’était tout à fait génial.

Dre Karen Devon :
Certaines personnes étaient très motivées. D’autres étaient plutôt craintives, mais ouvertes à l’idée. Et il y en avait qui étaient ambivalents.

Norm Wesley :
Un homme est venu à la clinique. Il a eu une longue discussion avec un médecin d’Ornge et la présidente de la WAHA pour s’informer sur le vaccin. Il hésitait au début à cause des commentaires, mais ce qu’il a entendu lui a plu. Il est allé chercher sa famille chez lui pour que ses proches se fassent vacciner. Et tout s’est bien passé.

Dre Karen Devon :
La facilité d’accès a certainement joué en notre faveur. J’ai l’impression que si certains avaient galéré pour se rendre à la clinique, ils auraient laissé tomber. Nous avons aussi fait quelques visites à domicile chez des résidents qui ne pouvaient pas quitter leur demeure.

Rachel Scott :
L’équipe six et la mission semblent avoir connu du succès. Le 3 février, le chef Leo Friday a annoncé que la campagne avait permis de vacciner 73 % des personnes de 18 ans et plus admissibles. Quelles ont été vos dernières impressions? Que retirez-vous de cette expérience?

Dre Karen Devon :
Je dirais presque que ce voyage va changer ma carrière. On verra où il va me mener, mais il m’a vraiment prise de court. Je savais que j’allais faire une bonne action et sans doute apprécier certains aspects, comme la découverte de cette région, mais je ne m’attendais pas à ce que l’expérience me marque autant personnellement. Je compte bien y retourner en touriste, peut-être avec ma famille. Je réfléchis aussi aux moyens de tendre une perche aux gens que j’ai connus là-bas pour créer des partenariats et voir quels services je peux leur fournir ou les aider à développer à l’interne. De nouvelles visites m’attendent assurément.

Steve Darling :
Je viens du Sud. Je n’ai pas tant d’expérience dans le Nord. J’en ai assez pour savoir quel comportement adopter et pour ne pas être surpris là-haut, mais mon expérience se rattache surtout à l’enseignement. On fait le trajet pour émettre des recommandations et on repart. Quand on y va avec l’ambulance aérienne, c’est pour une urgence, et notre attention va au patient. Les interactions sont limitées.

Pourtant, il y a beaucoup d’occasions d’apprendre des gens, pas seulement à Kash. Nous avons mangé de la banique, de l’orignal et plein d’autres mets. Nous avons aussi pris part à une cérémonie de clôture à Fort Albany si je ne me trompe pas. L’expérience était unique et formidable. Je tiens à souligner que cette opération n’est pas un projet d’Ornge. Nous ne sommes pas les grands maîtres sur place. Nous sommes là pour offrir un soutien logistique à la WAHA. C’est elle qui sert la communauté quand Ornge part, d’où l’importance de ce partenariat. Selon moi, Ornge doit faire preuve d’une grande humilité; c’est une chance d’avoir pu participer au projet.

Dre Laurie Mazurik :
Je repense à la volonté des gens de se faire vacciner. Parce qu’au début, il y avait énormément de préoccupations autour du vaccin. Mais il a gagné en popularité. Ce sera sans doute l’élément décisif dans les communautés des Premières Nations en ce qui concerne la COVID-19 et ses conséquences. J’ai bon espoir même s’il reste la question des variants. Tant que le vaccin fait effet, il sauvera des vies, peu importe qui le reçoit. Ça fera toute une différence dans les petites communautés qui ont peu de ressources.

Dre Karen Devon :
On remet parfois en question la motivation d’un geste, mais la vaccination prioritaire de ces communautés contre la COVID-19 était la chose à faire. J’en suis persuadée à cause des services de santé habituellement disponibles et des effets dévastateurs qu’aurait une éclosion dans la région. Je suis convaincue à 100 %.

Rachel Scott :
Y a-t-il autre chose qui vous a marquée?

Dre Karen Devon :
J’ai eu la chance, en prime, de faire connaissance avec des travailleurs de la santé autochtones et un ancien qui voyageait avec nous, Norm Wesley. C’était un gros plus.

Rachel Scott :
Notre entretien aura été bref, et j’ai cru bon de terminer l’épisode sur les paroles d’un ancien de la trempe de Norm Wesley.

Norm Wesley :
Nous étions dans une communauté, et je cherchais un moyen de me rapprocher des résidents pour leur faire comprendre le but de l’opération et l’importance de vacciner le plus de gens possible. Un symbole m’est alors venu à l’esprit : celui des bœufs musqués qui vivent dans la toundra désertique au cœur de l’Arctique. Ils y sont très vulnérables. Tout n’est que glace, roc et neige, mais ces animaux survivent aux climats les plus rudes. Étant donné leur taille, ils ne sont pas au sommet de la chaîne alimentaire. Ce sont les loups qui occupent cette place, et ils chassent ces énormes bêtes. Ils ne font qu’une bouchée d’un bœuf isolé. Par contre, si le bœuf appartient à un troupeau, c’est une autre histoire… Lorsqu’il est poursuivi par une meute de loups, le troupeau s’arrête. Les bœufs musqués se retournent et forment un cercle de défense autour des plus jeunes et des plus faibles. Et tous affrontent la meute, ensemble.
Dans le cas de la COVID-19, le virus prend la place des loups, et nous sommes les bœufs musqués. Les personnes vaccinées forment le cercle de défense pour se protéger les unes les autres, protéger les plus jeunes et protéger les personnes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas recevoir le vaccin. C’est l’idée que je me fais de la vaccination à l’échelle individuelle et communautaire. Bien sûr, on parle d’immunité collective et on tente d’atteindre les fameux 75 % de la population totale pour une protection optimale. Peut-on être entièrement à l’abri de la COVID-19? Non. Et est-il certain que tous les bœufs musqués survivront en formant le cercle? Pas plus. Mais ensemble, nous faisons ce qu’il faut pour nous protéger.

Rachel Scott :
N’oublions pas qu’il ne s’agit là que d’un exemple de mission, dans une seule communauté, parmi une foule d’histoires et d’expériences. Merci d’avoir été des nôtres. Mon nom est Rachel Scott, et vous écoutiez PULSE d’Ornge. Ce balado n’aurait pas pu être réalisé sans l’aide du personnel d’Ornge. Et l’opération Remote Immunity n’a été possible que grâce à la collaboration de plusieurs partenaires : la Weeneebayko Area Health Authority, la Sioux Lookout First Nations Health Authority, Services aux Autochtones Canada, l’École de médecine du Nord de l’Ontario, l’Université Queens, l’Université de Toronto, les services paramédicaux du Nord de l’Ontario, le Bureau de santé Porcupine, le Bureau de santé du district de Thunder Bay, le Bureau de santé du Nord-Ouest, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts, la Croix-Rouge canadienne, les Rangers et bien d’autres.

Nota : Les membres de l’équipe six interviewés pour cet épisode étaient Steve Darling (PSC; chef d’équipe), la Dre Laurie Mazurik (cmdtA), la Dre Karen Devon (vaccinatrice) et Norm Wesley (coordonnateur local).

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Ornge est le plus grand fournisseur de services d’ambulance aérienne et terrestre au Canada. Nous effectuons plus de 20 000 déplacements pour des patients chaque année. Ce balado vous donnera un aperçu de notre fonctionnement interne.

Qu’il s’agisse de la coordination et de la répartition des appels, du triage des patients dans la province ou de la logistique liée à l’exploitation d’une flotte d’hélicoptères, d’avions et d’ambulances terrestres, vous découvrirez ce qu’il faut pour fournir des soins vitaux dans un environnement en constante évolution. Téléchargez PULSE sur votre application de baladodiffusion préférée ou visitez le www.ornge.ca/pulse pour écouter le plus récent épisode.

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