Ornge Pulse Podcast

Opération Remote Immunity

PULSE : ÉPISODE 2

mai 6, 2021

6 mai, 2021

|

Ontario

| By: Par:

Ornge Media

Dans cet épisode, nous nous entretenons avec Lynne Innes, présidente-directrice générale de la Weeneebayko Area Health Authority (WAHA), Cynthia Yellowhead, coordonnatrice communautaire dans la réserve de la Première Nation de Nibinamik, et Brian Crowe, commandant de bord d’un PC-12 d’Ornge. Ils nous parleront de la mise en œuvre de l’opération Remote Immunity dans diverses communautés du Nord de l’Ontario et de l’importance de fournir des vaccins aux communautés du Nord.


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Voir la transcription de l’épisode ci-dessous.

Différents extraits de nouvelles
 
Rachel Scott :
Presque tout le monde en Ontario a entendu parler de l’opération Remote Immunity (ORI). Lancée le 1er février 2021, elle permet aux résidents des communautés autochtones éloignées de recevoir le vaccin de Moderna. Vu l’importance cruciale de la participation des dirigeants autochtones à la distribution des vaccins dans leurs communautés, l’ORI a été planifiée de concert avec la Nation Nishnawbe Aski (NAN).


Les équipes de vaccination dirigées par Ornge se sont rendues à Moosonee et dans 31 communautés NAN des régions nordiques éloignées pour administrer le vaccin à ceux et celles qui le souhaitaient. En date du 6 avril 2021, plus de 24 800 doses avaient été administrées.
Je suis Rachel Scott, et vous écoutez PULSE d’Ornge.

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Dans cet épisode, nous voulions en savoir plus sur l’importance de l’opération Remote Immunity et sur la priorité accordée à l’administration de vaccins aux communautés du Nord. Je me suis donc entretenue avec Lynn Innes.
 
Lynn Innes :
Je m’appelle Lynn Innes, et je suis la présidente-directrice générale de la Weeneebayko Area Health Authority (WAHA). La WAHA est notre système de soins de santé le long du littoral des baies James et d’Hudson. Elle fournit des services aux six communautés éloignées, qu’il s’agisse de soins préhospitaliers, de soins d’urgence, de soins actifs ou de soins primaires.
 
Rachel Scott :
Lynn est originaire de Moose Factory, alors elle a une bonne idée des besoins de la communauté.
 
Lynn Innes :
Je suis originaire de Moose Factory. J’y suis née, dans l’hôpital même où je travaille, et j’ai grandi à Moosonee. Je suis partie pour faire des études postsecondaires. Je suis infirmière praticienne, alors une fois que j’avais terminé mon programme, je suis revenue à Moosonee pour travailler comme praticienne en soins primaires et pour élever ma famille. J’ai trois jeunes enfants qui sont tous très actifs et qui aiment la vie dans le Nord.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler un peu des sites que la WAHA prend en charge?
 
Lynn Innes :
Notre site principal est situé sur l’île de Moose Factory. C’est là que se trouve notre hôpital général, où nous fournissons des soins d’urgence en salle d’opération et tous les services. Nous avons aussi six infirmeries, des établissements éloignés, dont deux sont prises en charge par le personnel infirmier de Santé Canada et le reste, principalement par la WAHA.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler de certains des objectifs de votre organisation en matière de soins?
 
Lynn Innes :
Notre objectif est de fournir des soins aussi près que possible du domicile, que ce soit au niveau local ou régional. Bien sûr, nos centres régionaux sont des centres de soins tertiaires, alors nous essayons de maintenir autant que possible le flux de soins dans la région. Quand c’est impossible, nous n’avons pas le choix de diriger les patients vers l’extérieur.
 
Rachel Scott :
Alors, en ce qui concerne l’opération Remote Immunity, pouvez-vous me dire pourquoi il était si important pour nous de prioriser les communautés avec lesquelles vous travaillez?
 
Lynn Innes :
Il est incroyablement important que toutes les communautés littorales des baies James et d’Hudson, ainsi que de la région ouest de la NAN, reçoivent les vaccins. D’abord parce que nous sommes généralement plus vulnérables et plus malades que nos partenaires qui se trouvent au sud, ensuite parce que nous n’avons pas la même infrastructure de santé qu’eux.
Dans toutes nos communautés, la situation du logement est très difficile, ce qui signifie que plusieurs familles vivent sous le même toit et qu’il y a beaucoup d’habitations collectives, sans compter les problèmes d’eau potable, l’hygiène… Alors, nous savions que nous devions nous serrer la ceinture et mettre en place un confinement assez rapidement vu les risques : avec tant de personnes entassées dans les foyers, et avec le manque d’accès aux soins de santé, si la COVID-19 devait toucher l’une de nos communautés éloignées, elle se répandrait comme une traînée de poudre. Les défis logistiques étaient assez particuliers : inondation printanière dans la communauté de Kashechewan, facteur d’éloignement… Et il y avait le fait qu’on ne peut se rendre ici que par avion. C’est pourquoi nous voulions nous assurer… Nous avons milité pour obtenir les vaccins le plus tôt possible afin de pouvoir protéger nos gens.
 
Rachel Scott :
Lorsque la pandémie a été déclarée, quelles ont été ses répercussions sur votre organisation? Qu’avez-vous fait pour vous adapter afin de servir la communauté efficacement et en toute sécurité?
 
Lynn Innes :
Lorsque la pandémie a été déclarée en mars de l’année dernière, nous avons travaillé avec toutes les communautés des Premières Nations et leurs groupes de lutte contre la pandémie pour nous assurer de respecter les souhaits de chaque communauté et de mettre en place des lignes directrices qui nous permettraient : 1) de maintenir l’hôpital en activité; et 2) de fournir autant de soins que possible sans interruption, tout en améliorant nos capacités de soins virtuels le long du littoral des baies James et d’Hudson. Nous avions déjà un programme de soins virtuels assez complet, que ce soit par le biais de Santé Ontario ou par d’autres moyens, mais nous avons dû l’améliorer considérablement pour répondre aux besoins de tous, surtout en ce qui concerne les soins primaires et le suivi.
 
Rachel Scott :
Quels sont les changements que vous avez effectués?
 
Lynn Innes :
Il y a eu beaucoup de demandes et de changements opérationnels dans les deux premières semaines suivant la mise en place de notre centre de commandement des interventions. Nous devions répondre non seulement aux exigences du ministère, mais aussi à celles de notre communauté, car notre situation est unique. Nous nous sommes donc confinés et avons arrêté les services pendant trois mois, à l’exception des consultations virtuelles. Nous sommes passés de toutes sortes d’entrées à l’hôpital à une seule entrée pour tous les visiteurs et une seule entrée pour le personnel, ainsi qu’à des protocoles de contrôle et à des agents de contrôle supplémentaires pour que toute personne entrant dans le bâtiment fasse l’objet d’une vérification et que seules les personnes y travaillant ou ayant l’autorisation spéciale de s’y trouver pour escorter un patient puissent entrer. Mais nous avons dû mettre en place de nombreuses restrictions sur nos différents sites pour assurer la sécurité de la communauté et de tout notre personnel de santé.
 
Rachel Scott :
Ainsi, lorsque l’opération Remote Immunity a été lancée, comment la WAHA participait-elle au processus?
 
Lynn Innes :
Au départ, les appels et les réunions avaient lieu avec la NAN, puis nous avons été mis en contact avec Ornge. Je connais très bien le Dr Tien, alors la transition a été facile. Nous avons donc été en mesure de répondre aux besoins de la communauté. En ce qui concerne la planification, il s’agissait de voir à ce que notre déploiement soit adapté à chaque communauté pour atteindre un bon taux de participation et pouvoir fournir rapidement à la communauté les ressources appropriées.
 
Rachel Scott :
Pour chaque communauté, quel était le processus? Comment mettiez-vous les gens au courant de l’initiative? Et comment faisiez-vous pour les convaincre d’accepter le vaccin?
 
Lynn Innes :
Nous avons demandé à notre équipe de communication de préparer plusieurs bulletins d’information, et d’utiliser Facebook, Twitter, LinkedIn et les chaînes communautaires locales, les stations de radio locales. Notre spécialiste des relations communautaires est intervenu plusieurs fois par semaine, et nous avons fait passer le message en anglais et en cri pour répondre aux besoins de tout le monde, en particulier de nos aînés, qui étaient réticents au départ. Mais une fois que nous avons pu mettre fin à la mésinformation et fournir la bonne information dans une langue comprise de tous, nous avons constaté une augmentation du taux d’acceptation du vaccin de Moderna.
 
Rachel Scott :
Justement, comment avez-vous géré la mésinformation et les réticences?
 
Lynn Innes :
Au départ, les gens hésitaient beaucoup à se faire vacciner le long du littoral des baies James et d’Hudson. Naturellement, nos communautés ne voulaient pas que l’histoire se répète. Elles pensaient au système colonial, aux pensionnats, etc. Il était donc très important pour elles d’avoir toute l’information et de ne pas se sentir, en fait, comme des cobayes. Le Dr Tien et moi-même avons passé beaucoup de temps à rencontrer les chefs en conseil respectifs et leurs directeurs de la santé pour répondre à toutes les questions. Nous faisions la traduction en cri pour que les aînés qui ne pouvaient pas parler ou lire puissent au moins écouter. Nous avons travaillé main dans la main avec Ornge pour enrayer la mésinformation. Nous avons expliqué aux aînés que c’était sécuritaire et que nous n’étions pas des cobayes. Nous leur avons dit qu’il y avait 30 000 personnes dans l’essai clinique qui étaient les cobayes, alors c’était une leçon apprise de nos voisins des États-Unis qui nous assurerait un déploiement sécuritaire ici au nord, dans le coin de la baie James et de la baie d’Hudson.
 
Rachel Scott :
J’ai également entendu dire que vous travailliez avec les chefs des communautés.
 
Lynn Innes:
Oui. En fait, nous avons identifié soit des chefs, soit un aîné, soit quelqu’un qui était très désireux d’obtenir le vaccin et qui pouvait répandre la bonne parole dans chaque communauté. Ainsi, dans chaque communauté où nous sommes allés, nous nous sommes assurés que le chef était présent, nous avons dialogué avec lui, nous avons enregistré un message et nous l’avons rediffusé sur notre site Web et notre page Facebook pour que les gens y aient accès en permanence. J’ai également fait partie de l’équipe de vaccination. J’apportais un soutien local tout en me familiarisant avec le littoral des baies James et d’Hudson. Il était très important pour nous d’inclure toutes nos équipes locales dans le déploiement, au même titre qu’Ornge, car nous estimions que le taux d’acceptation serait bien meilleur si les fournisseurs de soins de santé et les ressources humaines de la région étaient en mesure de fournir les vaccins.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler des ressources, en particulier en ce qui concerne la langue ou la traduction?
 
Lynn Innes :
Nous avons un agent des relations communautaires, un spécialiste des relations communautaires qui est un aîné de notre région, un aîné très respecté qui voyage à mes côtés et suit le déploiement de l’ORI pour s’assurer que la communication n’est pas interrompue. Nous avons également envoyé toute l’information à l’avance, dans le dialecte approprié, pour que le chef du conseil, les membres de la communauté et les représentants de la santé communautaire aient cette information bien avant que nous arrivions avec les vaccins.
 
Rachel Scott :
Et je crois savoir qu’il existe différents dialectes pour les communautés que vous servez?
 
Lynn Innes :
Il y a deux dialectes différents sur le littoral des baies James et d’Hudson. Le dialecte L et le dialecte N.
 
Rachel Scott :
J’ai entendu dire que vous avez voyagé avec chaque équipe de vaccination dans toutes les communautés. Comment ça s’est passé?
 
Lynn Innes :
J’ai participé à toutes les missions. Je n’ai pas fait le tour de toutes les communautés au moment de la deuxième dose, mais je l’ai fait pour les premières doses.
 
Rachel Scott :
Wow. C’était de grosses missions, n’est-ce pas? Ça me semble être un travail colossal.
 
Lynn Innes :
Ça l’est. C’est une quantité incroyable de travail. Nous avons commencé par Peawanuck, parce que c’était la plus éloignée, le long du littoral de la baie d’Hudson. Ensuite, nous sommes allés à Kashechewan, puis à Attawapiskat, à Fort Albany, à Moose Factory et à Moosonee.
 
Rachel Scott :
En matière de vaccination, y avait-il des choses à ajuster ou à adapter selon les communautés?
 
Lynn Innes :
Comme nous avons eu de multiples réunions – virtuelles –, et que nous avons fait des vols de reconnaissance pour vérifier quelques jours à l’avance si les communautés étaient accessibles et si les cliniques étaient bien installées (parce que toute cette préparation avait été faite longtemps à l’avance), la transition a été plutôt harmonieuse une fois que nous sommes arrivés dans les communautés. C’était très différent d’un endroit à l’autre. Parfois, nous étions dans des gymnases, d’autres fois, dans des centres de santé communautaires. Et comme nous avons commencé notre déploiement la première semaine de janvier, nous avons parfois traité tous nos patients en soins de longue durée dans nos trois sites hospitaliers. Nous avons donc été en mesure de régler quelques problèmes et de tirer des leçons de chaque petit déploiement avant de mettre en place les cliniques de masse.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me dire comment votre équipe a veillé à ce que toutes les personnes souhaitant être vaccinées puissent l’être?
 
Lynn Innes :
Absolument. Nous avons pris des rendez-vous, nous avons fait des visites à domicile, nous étions donc très flexibles, et pour les personnes qui n’étaient pas dans la communauté, nous nous sommes assuré qu’il y avait des plans A, B et C pour qu’elles puissent également recevoir le vaccin. Nous avons effectué environ dix visites à domicile par communauté, ce qui est très bien, car l’exposition et les déplacements de nos aînés et des gardiens du savoir demeurent ainsi minimaux.
 
Rachel Scott :
Et y a-t-il quelque chose que vous pensez qu’il serait important de faire savoir sur l’équité en matière de santé, ou sur les apprentissages clés qui ont eu lieu tout au long de la mission?
 
Lynn Innes :
Je pense qu’il y a plusieurs choses. Premièrement, en ce qui concerne l’équité en matière de santé, il y avait beaucoup de médecins dans toutes les équipes et beaucoup de paramédicaux qui, lorsqu’ils sont arrivés dans les communautés, en sont immédiatement tombés amoureux. Ils n’avaient pas réalisé que nous existions et qu’il y avait autant de disparités dans le Nord de l’Ontario. Beaucoup d’entre eux ont dit : « Je travaille en Afrique, je travaille à l’étranger, et je ne savais pas que cela se passait chez moi. » Il y a donc place à l’apprentissage, place à la croissance, et il serait possible que certains de ces professionnels de la santé nous aident à progresser en tant que partenaire aux niveaux local et régional dans le futur. Nous avons développé une relation très forte avec les universités, ainsi qu’avec Ornge. Du point de vue des soins actifs et du déploiement du vaccin, nous nous assurons de travailler tous ensemble et nous intégrons dans un seul système afin de pouvoir répondre aux besoins des communautés et de la région.
 
Rachel Scott :
Tout ça est très intéressant, Lynn. Je tiens à vous remercier d’avoir pris le temps de discuter avec moi des répercussions de la COVID-19 et de l’opération Remote Immunity sur la communauté que vous servez.
 
Lynn Innes :
C’était certainement un honneur et un plaisir de pouvoir apporter le vaccin de Moderna à toutes nos communautés et de faire partie de l’équipe chargée de la vaccination.
 
Rachel Scott :
Pour en savoir plus sur la Weeneebayko Area Health Authority, visitez son site Web à l’adresse waha.ca, W-A-H-A point C-A.
 
Nous avons donc pu nous renseigner sur l’ORI et sur la façon dont elle était déployée le long du littoral des baies James et d’Hudson, c’est-à-dire dans le Nord-Est de l’Ontario. Ensuite, nous allons nous rendre dans le Nord-Ouest de l’Ontario, à Summer Beaver. Nous allons parler de la mise en place de cliniques de vaccination de A à Z avec la coordinatrice communautaire, Cynthia Yellowhead.
Bonjour, Cynthia. Merci de prendre le temps de discuter avec moi. Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle?

Cynthia Yellowhead :
Je m’appelle Cynthia Yellowhead. Je suis de la Première Nation Nibinamik, et je suis la coordonnatrice communautaire de la vaccination pour Nibinamik.
 
Rachel Scott :
Pendant notre conversation, Cynthia m’a appris la prononciation correcte de Summer Beaver, soit Nibinamik.
 
Cynthia Yellowhead :
Nibinamik. Ni-bi-na-mik.
 
Rachel Scott :
Nibinamik.
 
Cynthia Yellowhead :
« Nibin » signifie « été ».
 
Rachel Scott :
Cynthia a grandi à Nibinamik.
 
Cynthia Yellowhead :
J’ai grandi dans la communauté, et on nous enseigne beaucoup de choses traditionnelles à l’école. Je parle tous les cris, alors je suis capable de parler aux aînés et aux jeunes.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler un peu de Nibinamik, de la façon dont je pourrais visiter la communauté, et peut-être un peu du paysage et des gens qui y vivent?
 
Cynthia Yellowhead :
Nous vivons au bord d’un lac. La communauté n’est accessible que par avion la moitié de l’année. Nous avons une route d’hiver qui est utilisée de décembre à mars. Nous sommes un peu plus de 300 habitants de la réserve et environ 200, plus ou moins.
 
Rachel Scott :
Avant qu’on vous demande de devenir coordinatrice de l’opération Remote Immunity, quel était votre rôle?
 
Cynthia Yellowhead :
Avant tout cela, j’étais travailleuse de proximité pour les ressources familiales et coordonnatrice de crise dans le domaine de la santé, puis j’ai occupé le poste de conseillère en chef et d’autres postes. Mon passé de coordinatrice de crise m’a été utile. J’ai pu m’adapter rapidement et planifier en fonction de tout ce qui est survenu dans le cadre du déploiement de la vaccination.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler du processus de mise en place d’une clinique de vaccination pour les membres de la communauté de Nibinamik?
 
Cynthia Yellowhead :
Au début, ce n’était qu’un dessin que j’ai présenté au chef en conseil pour voir si ça correspondait à ce qu’il voulait. Les Rangers canadiens ont tout un tas de compétences qu’ils apportent à l’équipe, et nous avons construit un hôpital de campagne à l’intérieur du gymnase. Nous l’avons fait en deux jours. Nous avons pris notre temps pour que ça corresponde à notre vision.
 
Rachel Scott :
Alors, comment cette vision a-t-elle changé et s’est-elle adaptée au fil du temps?
 
Cynthia Yellowhead :
Chaque fois que quelqu’un entrait, la vision devenait de plus en plus grande et on ajoutait des éléments. Nous avons construit sur mesure notre installation à l’intérieur du gymnase. Nous avons créé un bureau, trois postes de travail, une zone de premiers soins et une zone d’isolement, de sorte que toutes les fenêtres étaient couvertes, et l’entrée était privée. Les gens entraient et s’asseyaient d’une station à l’autre, nous avions trois stations installées. Il y avait une autre entrée par laquelle on pouvait sortir. Nous avions deux chauffeurs pour les faire entrer, et un autre chauffeur pour les ramener chez eux après l’inoculation. Personne ne marchait pendant ce premier déploiement.
 
Rachel Scott :
Quelle était la raison derrière cela?
 
Cynthia Yellowhead :
C’était simplement pour suivre notre planification, sans perdre de temps.
 
Rachel Scott :
C’est logique. Pouvez-vous me parler un peu de l’équipe avec laquelle vous avez travaillé, de ses responsabilités?
 
Cynthia Yellowhead :
J’avais deux traducteurs et une coordonnatrice de la planification, et les Rangers s’occupaient de la partie transport; il y avait trois chauffeurs au total, et ils s’organisaient à tour de rôle pour conduire les gens à l’aller et au retour.
 
Rachel Scott :
Vous avez parlé d’une coordonnatrice de la planification. Pouvez-vous m’expliquer l’importance de son rôle?
 
Cynthia Yellowhead :
Kelma a été la première personne que j’ai embauchée pour travailler au déploiement de la vaccination. Elle avait de très bonnes compétences en tant que planificatrice. Elle s’est rendue sur place lors du premier déploiement, une semaine avant, pour inscrire les personnes qui étaient prêtes. Je lui suis vraiment reconnaissante de m’avoir envoyé un message dans la première demi-heure où j’ai affiché que j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider dans la planification et les rendez-vous. Elle a fait un excellent travail lors du deuxième déploiement, elle a été constante et a très bien communiqué avec toutes les personnes qui venaient pour leur deuxième ou leur première dose.
 
Rachel Scott :
Génial. Alors, parlez-moi du premier jour de la vaccination. Comment cela a-t-il commencé?
 
Cynthia Yellowhead :
Le premier matin, nous avons rencontré l’équipe de vaccination, puis le chef en conseil est venu et il y a eu une prière d’ouverture par la révérende locale, et une cérémonie de bénédiction des vaccinations pour la semaine.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet?
 
Cynthia Yellowhead :
C’est pratique courante dans notre communauté. Nous avons toujours une bénédiction et une prière faite par un aîné ou un membre de l’église. Dans ce cas, c’est la Révérende Georgina Neshinapaise qui a fait la bénédiction des vaccins et a souhaité que la semaine de vaccination se déroule bien.
 
Rachel Scott :
Que s’est-il passé ensuite?
 
Cynthia Yellowhead :
Ensuite, les trois premiers membres du conseil ont été vaccinés, puis nous avons ouvert le programme aux travailleurs essentiels, puis aux membres de la communauté. Chaque jour, ça s’est passé ainsi. Nous vaccinions ceux qui voulaient être vacciné, ceux qui étaient prêts… c’était le choix de chacun.
 
Rachel Scott :
Bon, je sais que toutes les personnes vaccinées se sont inscrites, qu’il y avait des formulaires d’inscription, etc., mais aviez-vous un autre moyen utile de savoir qui contacter et qui était déjà vacciné?
 
Cynthia Yellowhead :
J’ai utilisé une carte pour marquer les maisons des ménages qui venaient se faire vacciner. Je l’ai fait pendant les quatre jours de vaccination, pour garder une trace et tenir le chef d’équipe au courant. Ça nous a fait gagner pas mal de temps.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous nous parler de la sensibilisation au vaccin?
 
Cynthia Yellowhead :
Nous avons réalisé de nombreux programmes de sensibilisation à la radio avec les vaccinateurs, et l’un des traducteurs a travaillé avec l’équipe de vaccination et le médecin de la communauté locale, effectuant des visites à domicile pour sensibiliser les gens à la période de vaccination et leur demander s’ils avaient des questions ou des préoccupations. Une autre traductrice est restée avec nous dans le gymnase et a travaillé avec tous ceux qui avaient besoin d’aide pour comprendre et remplir le formulaire d’inscription.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me parler du second vaccin, un mois plus tard? Celui-là était différent, non?
 
Cynthia Yellowhead :
Pour le second, nous avons eu beaucoup plus d’adaptation à faire. Nous savions que la COVID-19 arriverait dans notre communauté à un moment ou un autre, mais nous ne savions pas quand, ni si ce serait bientôt. Et puis soudain, nous avons eu des cas positifs entre la première et la deuxième vaccination. Et il était impératif que nos stations de vaccination soient prêtes pour le deuxième déploiement.
 
Rachel Scott :
D’accord, donc à ce moment-là, Nibinamik était en confinement?
 
Cynthia Yellowhead :
Nous nous sommes confinés le 2 mars, et j’ai essayé de préparer l’équipe, mais tout le monde avait peur.
 
Rachel Scott :
Qu’avez-vous fait ensuite?
 
Cynthia Yellowhead :
Pour les cas positifs? Pour que les gens n’aient pas à sortir de leur bulle, nous leur avons demandé de venir se faire vacciner en voiture, puis de marcher ou de conduire leur motoneige pour se faire vacciner sous une tente à l’extérieur du gymnase de l’école.
 
Rachel Scott :
Comment avez-vous organisé la gestion de la nouvelle clinique avec service au volant en période de confinement?
 
Cynthia Yellowhead :
Paul et moi – Paul Oskineegish –, Paul est le sergent de Summerbeaver. Nous avons beaucoup communiqué par téléphone et sur Facebook Messenger, et il m’a montré une photo de la station de vaccination potentielle. Nous avons parlé de vaccination en voiture et de l’installation d’une tente, laquelle s’est faite le dimanche. Il m’a envoyé une photo de la façon dont ça se passerait, et j’étais d’accord pour que ça se passe ainsi.

Rachel Scott :
Vous avez mentionné que votre équipe avait un peu peur. Qu’avez-vous fait pour cela?
 
Cynthia Yellowhead :
Les chiffres étaient très bas pour le personnel de notre communauté, puis nous avons obtenu des tests rapides pour la COVID-19, grâce à l’équipe d’Ornge. On nous a fourni nos tests le premier matin avant que les stations de vaccination commencent à rouler. Nous avons pu redonner confiance à l’équipe qui travaillait sur la vaccination. Cela m’a soulagé, et j’ai pu me concentrer davantage sur la tâche à accomplir.
 
Rachel Scott :
C’est génial. J’ai aussi entendu dire que le deuxième déploiement s’était très bien passé?
 
Cynthia Yellowhead :
Nous avons pu donner toutes les deuxièmes doses en trois jours au lieu de cinq, et nous avons même donné une première dose à près de 30 personnes, ce qui m’a surpris. Je ne m’attendais pas à autant de nouvelles personnes.
 
Rachel Scott :
Quel était le total général après le deuxième déploiement?
 
Cynthia Yellowhead :
Au total, j’ai compté 83 % pour Nibinamik.
 
Rachel Scott :
Ainsi, selon la communauté, environ 83 % des membres admissibles ont reçu le vaccin de Moderna. Quel merveilleux taux de participation!
Je tenais à remercier tout spécialement Cynthia d’avoir pris le temps de discuter avec moi. Pour en savoir plus sur Nibinamik, n’hésitez pas à visiter summerbeaver.com, s-u-m-m-e-r-b-e-a-v-e-r point com.

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Maintenant, nous nous déplaçons encore plus au nord, à Fort Severn. Nous nous entretenons avec le commandant de bord Brian Crow, qui est non seulement un pilote d’Ornge, mais aussi un membre de la communauté de Fort Severn. Nous avons pu discuter de la façon dont il est devenu pilote pour Ornge et de son rôle dans l’équipe de l’ORI dans sa ville natale. Voici donc Brian Crow, commandant de bord d’un PC-12.
Alors Brian, pourquoi êtes-vous devenu pilote?
 
Brian Crow :
C’était un de mes rêves d’enfance. Quand j’avais six ou sept ans, mon père m’a emmené à l’aéroport, et nous avons vu un vieil avion atterrir, l’avion-cargo à Fort Severn. Je me souviens encore que ce soir-là, j’ai fabriqué un avion avec le coussin du canapé.
 
Rachel Scott :
C’est merveilleux de connaître sa vocation à un si jeune âge. Qu’a-t-il fallu pour que votre rêve devienne réalité?
 
Brian Crow :
À l’école secondaire, le conseiller m’a indiqué ce qu’il me fallait pour continuer à l’université. J’ai donc suivi tous mes cours de mathématiques et de physique, notamment, et tous mes cours d’anglais, puis je suis allé à l’université après le secondaire.
 
Rachel Scott :
Alors, Brian et moi avons discuté, il m’a dit qu’il avait passé du temps à travailler sur des hydravions et à accumuler des heures de vol dans le cadre de différents emplois. Il a même pris quelques congés et a vécu à Fort Severn, où il a été élu chef adjoint.
 
Brian Crow :
Quand je suis revenu dans la communauté, pendant ces deux années, j’ai été chef adjoint. Je suis heureux d’être de retour et de donner un coup de main pour des choses que je faisais en grandissant, comme la chasse, la pêche, et simplement d’être de nouveau entouré de ma famille et de mes amis.
 
Rachel Scott :
Depuis quand travaillez-vous pour Ornge?
 
Brian Crow :
Depuis 2009, au moment où Ornge a lancé ses avions à voilure fixe. Je voulais vraiment faire partie de l’équipe. J’ai postulé et j’ai été embauché en novembre 2009. J’adore ce que je fais.
 
Rachel Scott :
Dans vos fonctions actuelles de commandant de bord d’un PC-12 d’Ornge, recevez-vous des appels pour aller à Fort Severn?
 
Brian Crow :
Oui. Nous prenons souvent part à des comités de vol à distance. Lorsque je suis en service, on m’appelle parfois à Fort Severn, et j’y vais volontiers. J’ai l’occasion de voir un peu ma famille et mes amis lorsque je suis là-bas pour une courte période. Mon père vient souvent me dire bonjour.
 
Rachel Scott :
Et vous avez l’occasion de travailler sur l’opération Remote Immunity, non pas en tant que pilote, mais en tant que membre du personnel administratif de l’équipe. Qu’avez-vous pensé de la façon dont c’était organisé?
 
Brian Crow :
J’ai été très honoré de faire partie de l’équipe d’Ornge lors de la vaccination à Fort Severn. Les organisateurs de l’opération Remote Immunity se sont vraiment bien débrouillés, et Ornge a fait en sorte que l’opération se déroule dans de très bonnes conditions. Lorsque je me suis joint à l’équipe, nous nous sommes entraînés le premier jour avant de nous envoler vers la communauté. Nous avons pris l’avion à partir de Sioux Lookout. Le vol dure 1 h 45 dans chaque sens. Pendant notre semaine là-bas, l’avion est resté à Fort Severn et nous a attendus jusqu’à ce que nous ayons terminé d’administrer les vaccins. Nous avons ensuite repris l’avion à Sioux Lookout. Le matin, nous remontions dans l’avion. J’ai aimé être là. J’étais très heureux de faire partie d’une équipe, une équipe de vaccination.
 
Rachel Scott :
Et quel était votre rôle en tant qu’administrateur, quel genre de tâches aviez-vous à faire?
 
Brian Crow :
Je transmettais des renseignements pour établir des relations avec la communauté. Il y avait des Rangers qui aidaient l’équipe de vaccination et d’autres membres de la communauté qui étaient là pour le dépistage et le travail administratif. Nous faisions une belle équipe.
 
Rachel Scott :
Pouvez-vous me dire en quoi ce rôle dans le cadre de l’opération Remote Immunity était différent de votre travail quotidien avec Ornge?
 
Brian Crow :
C’était différent de ce que nous faisons d’habitude, lorsque je travaille en équipe ou je vais dans la communauté, par exemple pour évacuer quelqu’un qui a besoin de soins médicaux vers un centre plus important. Mais lorsqu’il s’agit de vaccination, nous sommes là pour faire le bien, pour aider la communauté. C’est bon pour la communauté. Je viens de là-bas, alors je redonne à la communauté où j’ai grandi. J’étais très heureux de faire partie de l’équipe pendant cette semaine de vaccination.
 
Rachel Scott :
Génial. Merci d’avoir pris le temps de me parler, Brian. J’en suis vraiment reconnaissante.
 
Brian Crow :
Merci. Très honoré et heureux d’être de retour dans ma communauté et de pouvoir aider.
 
Rachel Scott :
C’était formidable d’explorer les efforts de vaccination dans le Nord de l’Ontario, mais j’ai vraiment aimé entendre les personnes qui ont travaillé dur pour que les membres des communautés autochtones éloignées ou accessibles uniquement par avion puissent recevoir les vaccins dont ils avaient besoin.
 
Le mardi 23 mars, le Dr Homer Tien, président-directeur général d’Ornge, a assisté à l’assemblée virtuelle des chefs de la Nation Nishnawbe Aski. Ornge s’est joint à sept autres organisations pour signer des accords relationnels visant à améliorer les soins de santé sur le territoire de la NAN. La signature de cet accord témoigne de l’engagement d’Ornge à l’égard de la santé, ainsi que de nos efforts continus pour fournir des soins de santé inclusifs et culturellement appropriés. Nous sommes impatients de travailler avec nos partenaires de la NAN et avec le ministère de la Santé pour atteindre cet objectif. N’hésitez pas à lire la déclaration complète sur le site de la NAN, au www.nan.ca.
 
Dans notre prochain épisode, nous nous entretiendrons avec l’équipe six, qui parlera de son parcours et de la façon dont elle a surmonté différents défis pour apporter le vaccin à la communauté de Kashechewan.
 
Je suis Rachel Scott, et vous écoutiez Ornge Pulse. Ce balado n’aurait pas pu être réalisé sans l’aide du personnel d’Ornge. Et l’opération Remote Immunity n’a été possible que grâce à la collaboration de plusieurs partenaires : la Weeneebayko Area Health Authority, la Sioux Lookout First Nations Health Authority, Services aux Autochtones Canada, l’École de médecine du Nord de l’Ontario, l’Université Queens, l’Université de Toronto, les services paramédicaux du Nord de l’Ontario, le Bureau de santé Porcupine, le Bureau de santé du district de Thunder Bay, le Bureau de santé du Nord-Ouest, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts, la Croix-Rouge canadienne, les Rangers et bien d’autres.

 
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Ornge est le plus grand fournisseur de services d’ambulance aérienne et terrestre au Canada. Nous effectuons plus de 20 000 déplacements pour des patients chaque année. Ce balado vous donnera un aperçu de notre fonctionnement interne.

Qu’il s’agisse de la coordination et de la répartition des appels, du triage des patients dans la province ou de la logistique liée à l’exploitation d’une flotte d’hélicoptères, d’avions et d’ambulances terrestres, vous découvrirez ce qu’il faut pour fournir des soins vitaux dans un environnement en constante évolution. Téléchargez PULSE sur votre application de baladodiffusion préférée ou visitez le www.ornge.ca/pulse pour écouter le plus récent épisode.

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